Patrimoine mais presque
En région Auvergne, le Wakan est connu et reconnu pour ses « Spectacles-promenade » spécialement imaginés, écrits et mis en scène pour des lieux de mémoire, en s’inspirant de leur histoire (réelle, mythique ou fantasmée), en tricotant de manière ludique (et parfois sauvage) la grande et les petites histoires, l’anecdote croustillante et le récit identitaire, le trivial et le sublime ; vous dites « faire théâtre avec l’Histoire ». A contrario, vous vous défendez du concept de Théâtre historique ou de spectacle de « reconstitution et d’animation dans les vieilles pierres ».
N’est-ce pas paradoxal ? Pouvez-vous préciser la singularité de votre démarche ?
En effet, ce qui intéresse le Wakan n’est pas la « reconstitution historique » qui a forcément un côté muséographique, et souvent hagiographique. Nous laissons aux historiens de métier le soin de raconter et d’analyser avec pertinence l’Histoire. Nous cultivons plutôt l’impertinence ! Ce qui nous intéresse vraiment, est de découvrir une vérité poétique, au-delà de la réalité historique. Et cette vérité poétique nait de l’imaginaire collectif, et des traces fantasmagoriques que l’histoire d’un lieu peut nous laisser en héritage.
Le Son et Lumières ne fait pas non plus partie de nos objectifs, car nous privilégions toujours le texte aux effets et nous sommes viscéralement attachés à un théâtre d’acteurs.
Imaginer des histoires avec l’Histoire, imaginer un vrai récit pour l’événement plutôt que de dérouler le récit d’un événement vrai, tel pourrait se résumer notre crédo. Ré-enchanter ce qui était oublié, avec un regard neuf et libre, souvent iconoclaste, pour faire surgir un théâtre du mythe et des mémoires (mémoires des lieux, des hommes et des arts) dans lequel la réalité historique est interprétée avec fantaisie et poésie, humour, insolence et onirisme. Introduire la référence patrimoniale dans une authentique démarche de création, avec l’ambition de creuser le sillon d’une œuvre cohérente : Un théâtre de recherche qui s’empare de la culture commune pour la re-questionner. Un paradoxe ?