LARGUONS NOS AMARRES
Voyage(s) en poésie 2020“Le vent se lève, il faut tenter de vivre
L’air immense ouvre et referme mon livre
”
Cette nouvelle création du WAKAN THÉÂTRE, non prévue, est issue de l’épreuve du CONFINEMENT que nous avons tous subi, et vécu avec plus ou moins de difficultés.
Un irrépressible besoin de liberté, de souffle, d’ailleurs, d’air tout simplement, m’ont fait replonger, par esprit de survie, dans ces textes qui, au gré de mon parcours d’homme et d’artiste, ont « changé ma vie ». Les apprendre par cœur, me les approprier chair et âme en vue d’une incarnation toute personnelle, m’a aidé à trouver sens et échappatoire à cet épisode mondial dramatique.
J’ai profité du rapatriement depuis l’Australie de mon ami musicien GUILLAUME BONGIRAUD, devant interrompre sa tournée Hémisphère Sud avec LE CIRQUE DU SOLEIL, pour lui proposer de partager cette nouvelle aventure artistique. Par bonheur il a accepté avec l’enthousiasme qui le caractérise… et nous nous sommes mis AU TRAVAIL !
Avec LE VOYAGE de Baudelaire , LE BATEAU IVRE de Rimbaud , BRISE MARINE de Mallarmé, LES CONQUÉRANTS de Hérédia, LE CIMETIÈRE MARIN de Valèry, AMERS de Saint John Perse et QUAND TU AIMES IL FAUT PARTIR de Cendrars, se croisent et s'entrelacent les grands thèmes suivants :
Le Grand départ vers l’ailleurs absolu, toujours en quête d’un Nouveau sublime,
L’Échappée belle et rebelle,
La Fascination irrépressible pour l’océan indomptable.
Ce voyage par les mots est aussi une invitation au voyage stylistique, au gré des différentes formes de compositions du vers français qui ont traversées les XIXème et XXème siècles, renouvelant constamment la quête sans fin de la modernité.
Vous entendrez en introduction l’alexandrin romantique de Baudelaire, puis extatique de Rimbaud, puis deux sonnets de Mallarmé et Heredia, toute en rigueur et concision, en recherche de la perfection formelle.
Puis le sizain en décasyllabes de Valéry, au rythme si chantant, presque obsédant, comme une mélopée.
Puis le verset non rimé remis à l’honneur depuis l’Antique par Claudel, ici puissamment revisité par St John Perse.
Et pour clôturer, en forme de bis, : le vers libre, émancipé de la rime et de tous rythmes codifiés, du poète bourlingueur Cendrars.
UNE CRÉATION MUSICALE SUR MESURE
Parce que, selon Verlaine, l’essence de la poésie serait d’être « musique avant toute chose », Guillaume Bongiraud, fidèle compagnon de scène(s) depuis dix ans, a composé une partition originale pour violoncelle et voix d’acteur.
Une création 100% acoustique pouvant être partagée, le plus simplement possible, avec un public rassemblé n’importe où (parfois même par surprise !) et surtout dans la plus grande proximité possible, réalisable sans aucune contrainte de sonorisation, ni même de branchement électrique.
Le violoncelle ? Parce qu’il est reconnu par la plupart des mélomanes comme l’instrument en accord parfait avec le timbre de la voix humaine, et le plus apte à imiter ou prolonger les élans et la complexité du cœur humain. Ainsi ses cordes accompagnent, et subliment, l’incarnation de l’acteur-récitant (Le Voyage / Amers). Par deux fois, elles livrent à leur tour leur propre interprétation du poème qui vient d’être dit (Le Bateau ivre / Le Cimetière marin).
Nous nous sommes enfin bien amusés à donner au sonnet Les Conquérants (apogée formelle de l’école parnassienne) un air de chant de marins populaire, épique et festif.
Un clin d’œil malicieux à ceux qui prétendent que la poésie serait seulement l’affaire des initiés ou des élites.
LE PARTI PRIS DU JEU D’ACTEUR
« J’ai souhaité que ce « Voyage en mers d’ivresse », soit, assez paradoxalement, un retour aux fondamentaux de l’art du comédien : un simple corps à cœur avec des mots, reposant tout entier, et uniquement, sur une forme de sincérité absolue, une authenticité avouant sa singularité, en livrant, différente au gré de chaque représentation, une incarnation très intime, changeante et personnelle, partagée généreusement avec le public du jour… qui, comme ma sensibilité, sera différent demain !
Que de plaisirs à revisiter et réunir aujourd’hui sept des textes-cultes qui ont accompagné et orienté ma vie ! Textes connus, re-connus, appris, ré-appris depuis tant d’années. Tous et chacun habités d’un épisode clé de ma formation d’homme et d’artiste :
Texte ayant assouvi mes rêves d’enfant épris de mers et d’aventures (Les Conquérants). Texte ayant accompagné ma naissance collégienne à la beauté des mots (Le Voyage).
Texte ayant inspiré mes premières rebellions adolescentes (Le Bateau ivre).
Texte ayant étonné mes études littéraires (Brise marine).
Texte ayant séduit mon jury d’entrée au Conservatoire, et grâce à cela, ouvert les portes vers mon métier de passeur de mots (Tu es plus belle que le ciel et la mer).
Texte ayant éveillé, exalté ma conscience du grand-style (Le Cimetière marin).
Texte ayant affirmé mon goût des traversées intellectuelles sublimes, au-delà du sens premier (Amers).
Que de joie à explorer les champs des possibles en travaillant sans cesse à rendre « mon acteur » disponible et affuté pour se laisser surprendre, dans l’instant même de la représentation, et saisir chaque opportunité de nouvelles pistes d’interprétation… et s’accorder joyeusement la permission « d’y aller ! »
Que d’amusements à s’autoriser, sans frein, toutes les digressions et commentaires qui me traversent poétiquement l’esprit au fil de mon interprétation du jour ! À conjuguer humour, didactisme, clins d’œil et décontraction ! À re-contextualiser chaque poème, rappelant en deux mots ce qu’il a apporté à l’évolution de l’Art poétique, par essence toujours en mouvements, en ruptures, en renaissances.
Violoncelle / création musicale
GUILLAUME BONGIRAUD
Interprétation / dramaturgie / mise en espace(s)
DOMINIQUE TOUZÉ
Textes poètiques
BAUDELAIRE / RIMBAUD / MALLARMÉ / HÉRÉDIA / VALÉRY / PERSE / CENDRARS
Illustrations
DOMINIQUE SOLETTI
Coproductions